mardi 25 décembre 2012

Groupe Hersant Média : la presse au tapis ?

La presse quotidienne régionale vient de vivre un nouvel épisode de restructuration avec la reprise annoncée mercredi 19 décembre des restes du Groupe Hersant Media (pôles sud et Antilles) par un duo inédit : l’homme d’affaires Bernard Tapie et Philippe Hersant, l’héritier se sauvant d’un naufrage annoncé. Après avoir coulé la Comareg (1650 salariés sur le carreau), cédé à un duo incertain le pôle normand (85 salariés menacés), s’être débarrassé de quelques pépites d’outre-mer, vendu à Rossel le pôle Champagne-Ardenne (640 salariés en danger) où une restructuration est redoutée début 2013, Philippe Hersant a finalement conservé son siège dans la presse française, au mépris de toutes les règles. Celles des consultations sociales, puisque le dernier comité de groupe n’a servi à rien, faute d’information. Il a fallu que les personnels et leurs représentants lisent la presse pour connaître leur avenir. Pas question non plus d’attendre la validation de l’offre aux banques par le tribunal de commerce. Trois jours avant le délai fixé, la visite des entreprises démarrait comme si de rien n’était... Celles de la concurrence puisque l’hypothèse Tapie a clairement été privilégiée par GHM, repoussant notamment l’offre du groupe de presse Rossel. La belle affaire en effet, car, débarrassé des trois quarts de sa dette, le nouvel attelage de la PQR peut se lancer dans une aventure pleine toutefois d’incertitudes et de questions. Celles de la pérennité des titres enfin car GHM a toujours refusé de mener à bien les gestions prévisionnelles des emplois et des compétences (GPEC). Aujourd’hui les salariés font les frais d’une gestion calamiteuse qui ne saurait trouver la crise comme seule excuse, d’un appauvrissement des titres et de leurs valeurs, d’une ponction des trésoreries et d’une absence de stratégie. Mais pour combien de temps encore ? En revanche, Philippe Hersant, exilé fiscal en Suisse, n’a jamais refusé les aides à la presse. Des millions d’euros sur lesquels il faudra bien un jour que l’Etat exerce un contrôle. Pendant ce temps, les personnels continuent de prendre la porte, à travers des plans sociaux masqués en ruptures conventionnelles. Première organisation de la profession, le Syndicat national des journalistes (SNJ) suit le dossier à tous les niveaux depuis des mois et continuera de le faire activement en défendant le pluralisme et en sauvegardant l’identité des titres pour une presse locale et régionale de proximité et de qualité, socles de l’article 34 de la Constitution française. Le SNJ s’opposera enfin aux opérations spéculatives à la découpe, aux dérives vers l’événementiel ou à l’utilisation de la presse à des fins politiques et de marketing. Puisque Philippe Hersant reste d’une manière ou d’une autre aux commandes, il va en outre falloir qu’il assume l’ensemble de ses responsabilités. Celles que vont lui rappeler les salariés, à défaut des banques qui ont fait preuve d’une belle mansuétude dont aimeraient bénéficier, en période de fin d’année, beaucoup de Français. Paris, vendredi 21 décembre 2012

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